Flashs
Mi-fiction, mi-poésie—300 signes, espaces compris.
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Pitching
Jadis, j’avais des idées. Une infinité. Puis vint pour moi le jour de les présenter. L’audience était critique, acerbe parfois — Chaque rêve déchu, une partie de moi. Aujourd’hui, ma boîte à idées demeure. J’en ai perdu la clé.
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Petit fantôme
Son âme restait piégée sur Terre. Pas à cause de ses regrets, mais ceux de quelqu’un d’autre.
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Disparition soudaine
Coup de tonnerre en politique, tous les fascistes ont disparu. Toutes les polices sont sur le coup, malgré un gros manque d’effectif.
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Papillon de nuit
Petit papillon, accro aux spotlights. Petite luciole, se sentant si seule. Un instant de nuit les a réunis. Et de leur amour, le soleil naquit.
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Ma voyageuse temporelle
Elle se tenait là, devant moi, flottant dans sa grande veste jaune au capuchon noir. Elle se tenait là, debout dans ce bus où personne ne se parle—ballottée par les virages serrés, mais refusant de s’asseoir. Elle se tenait là, cheveux bouclés et tenue démodée—ma voyageuse temporelle.
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Partenaires de vie
Le cerveau et le cœur forment un couple étrange—l’un ne va pas sans l’autre, mais souvent ils s’opposent. Il faut économiser, mais être généreux—aimer avec passion, mais aussi modération. Une vie sans émotion n’a pas de sens, mais perdre la raison c’est se priver du bon.
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Mémorables moments
C’était une échoppe pas comme les autres. Petite bâtisse d’une ville on ne peut plus touristique, ses articles—d’une valeur inestimable, mais à prix abordable—étaient réputés impossibles à voler. À l’entrée du magasin, une modeste enseigne indiquait simplement : “Boutique de souvenirs”.
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Cold in July
Une femme vêtue de blanc est assise à une table, un stylo à la main. Souriante, concentrée, elle remplit page après page d’un petit carnet usé. Ces notes sont des plus précieuses, le compte-rendu d’une expérience unique sobrement intitulé : “Journal intime – Ma vie en Arctique”.
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La jeune fille du pont
Debout sur ce pont tous les soirs, elle attendait que le soleil se couche, puis disparaissait à son tour. Parfois, des passants s’arrêtaient—avait-elle besoin d’aide ? Par un poli sourire muet, toujours, elle déclinait. Ils s’en allaient alors et elle demeurait seule, à regarder les voitures passer.
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Tête en l’air
Tous ces moutons qui se baladent, si rapides et pourtant immobiles. Tous ces nuages qui me survolent, je ne vois qu’eux, mais eux m’ignorent. Ils vont là-bas, je reste ici—nous partageons la même Terre et je sais que le jour où tombera la nuit, je rejoindrai leur valse dans les étoiles.