Flashs

Mi-fiction, mi-poésie—300 signes, espaces compris.


  • La robe de Marie

    Au bord du fleuve vivait un couturier. Il testait toutes ses créations, vêtements pour filles, comme pour garçons. Un jour qu’il avait de l’avance—ses commandes finies avant que ne sonne midi—il se mit à coudre, presque machinalement. De son travail naquit une robe si belle qu’il la garda pour lui.

  • Je marche seule

    J’arpente une route où l’on ne croise personne. Je cherche mes rêves dans le désert, chasse les mirages de cette fade immensité. J’ai perdu le compte des jours et le vent balaie mes traces—je tourne peut-être en rond, mais si quelqu’un me suit, je finirai bien par les rattraper.

  • Nid douillet

    Ce pont, c’était le leur—bec et ongles ils le défendaient. Chasseurs aguerris à l’élégant col vert, leur voler dans les plumes n’était pas mince affaire. Ils tinrent bon tout le jour, vainquirent vents et marées, mais le soir débarquèrent les Hommes et de chez eux ils furent chassés.

  • Café renversé

    Elle pique-niquait toujours au parc lorsqu’il faisait beau—assise dans l’herbe, sans couverture. Pour chaque bouchée, à chaque gorgée, elle en laissait autant par terre. Les passants pensaient qu’elle nourrissait les bêtes ou honorait ses ancêtres, mais elle était juste terriblement maladroite.

  • Mon ami Vernal

    Tim et lui avaient passé l’hiver à jouer dehors, dans la neige tous les jours, des heures durant. Le soir de la rentrée, l’école finie, l’enfant sortit comme d’habitude, mais aucun signe de son ami—parti sans prévenir, sans même un mot, il lui laissait de beaux souvenirs—et une petite flaque d’eau.

  • Mélancolie

    Elle pleure seule la nuit—laisse parler son émoi. Personne au monde ne l’aime—du moins c’est ce qu’elle croit. Elle a monté le son, se noie dans la Alt Z—au volant, au travail, ou au fond de son lit. Incomplète, essoufflée, partout elle a cherché—attend sans plus y croire, son âme sœur, sa moitié.

  • Quand vient le jour

    La nuit est froide lorsqu’elles quittent le bar. Elles se connaissaient peu et maintenant beaucoup mieux. Le hasard les a mises à côté, alors rien que les deux elles n’ont fait que parler. L’une s’écarte du groupe, il est l’heure de rentrer—dans les bras l’une de l’autre, elles espèrent se revoir.

  • Vivons heureux

    Inside a closet, where everything is dark, a myriad of questions race through Sam’s mind. Why am I here? Am I hiding? Being hidden? From whom? From what? Why? It’s so narrow, so cold in here. I can’t breathe—I must get out. Sam moves forward; one push and the door opens. The sun is warm.…

  • Célibataire

    Tous ces géants me narguent, pensait la jeune pousse. Trottinettes et tintébins, tous ces gens main dans la main, pourquoi suis-je si seule dans cet océan mondain ? Semblant répondre à sa détresse, une jeune femme s’approcha—tendit le bras—cueillit la plante et s’en alla—offrir la rose à sa copine.

  • Smoking glacé

    Glace à la main, reflex dans l’autre, une silhouette en costume trois pièces se promenait sur le quai. Il aimait le grand air, le lac et les montagnes—il chérissait ces balades, celles avec son grand-père, celles d’il y a si longtemps.