Joanne était une princesse, adorée de sa mère comme de tous ses sujets. Son château — lieu de fête pour nobles et villageois — rayonnait, chaque nuit, au beau milieu des bois.
Quand venait le jour de son anniversaire, plus d’un millier de tentes habillaient la forêt. Chevaleresses et rois des pays voisins : tous étaient invités, il n’en manquait pas un.
À ses vingt-quatre années, en soufflant ses bougies, la princesse — dans la foule — vit l’amour de sa vie. Deux cœurs entremêlés, dès le premier regard, leur mariage célébré dès le lendemain soir.
Dans la première année qui suivit leur union, le bonheur du couple irradiait tout autour. Les fêtes de Joanne — déjà si merveilleuses — brillaient comme l’étoile prénommée Bételgeuse. Mais même les soleils ne sont pas éternels et plus le temps passait, plus l’éclat faiblissait.
La moitié de Joanne — innocente, populaire — se faisait chaque soir davantage d’amis. Chaque main qu’elle serrait, chaque baiser sur les siennes, ouvrait tant de blessures dans le cœur de sa belle.
Pour ne plus souffrir, la princesse décida que des fêtes au château, elle en sonnait le glas. Et quelque temps après cette amère décision, son âme sœur tomba très malade sans raison.
« Au secours ! Aidez-moi ! » appela la princesse dans sa demeure immense, d’écho et de silence. Elle ouvra une fenêtre et appela encore, quand soudain — auprès d’elle — elle sentit une présence.
« Bonjour, belle Joanne, dit doucement la fée. Quel est ton souhait si cher, qu’il te fait implorer ? »
« J’ai besoin d’un remède, ô sylvestre déesse, contre un mal inconnu qui mon âme sœur tue. »
« Ma chérie, j’ai bien peur que pour cette affliction, pas un baume n’existe, ni aucune potion. Si tu veux que je sauve ton âme sœur, ta moitié, tu devras, sur ses lèvres, me laisser l’embrasser. »
Révoltée, indignée, la princesse refusa et la fée — sans mot dire — disparut dans les bois.
Les semaines s’écoulèrent, et après elles les mois. Les docteurs et les mages défilaient au château, mais personne — jamais — n’arrivait à soigner cette étrange maladie bien trop enracinée.
La princesse voyant — sur le point de périr — son âme sœur s’écroulant, elle fit la fée quérir.
« Fait ce qu’il te plaira, peu m’importe le prix — que j’en souffre, que j’en meurs —, pitié, sauve sa vie. »
La fée posa ses lèvres sur celles brûlant de fièvre, aspira un soupir et le mal avec lui. La princesse éplorée rejoignit sa moitié, et la voyant sourire, senti son cœur guérir.