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Cold in July
Une femme vêtue de blanc est assise à une table, un stylo à la main. Souriante, concentrée, elle remplit page après page d’un petit carnet usé. Ces notes sont des plus précieuses, le compte-rendu d’une expérience unique sobrement intitulé : “Journal intime – Ma vie en Arctique”.
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La jeune fille du pont
Debout sur ce pont tous les soirs, elle attendait que le soleil se couche, puis disparaissait à son tour. Parfois, des passants s’arrêtaient—avait-elle besoin d’aide ? Par un poli sourire muet, toujours, elle déclinait. Ils s’en allaient alors et elle demeurait seule, à regarder les voitures passer.
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Tête en l’air
Tous ces moutons qui se baladent, si rapides et pourtant immobiles. Tous ces nuages qui me survolent, je ne vois qu’eux, mais eux m’ignorent. Ils vont là-bas, je reste ici—nous partageons la même Terre et je sais que le jour où tombera la nuit, je rejoindrai leur valse dans les étoiles.
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La robe de Marie
Au bord du fleuve vivait un couturier. Il testait toutes ses créations, vêtements pour filles, comme pour garçons. Un jour qu’il avait de l’avance—ses commandes finies avant que ne sonne midi—il se mit à coudre, presque machinalement. De son travail naquit une robe si belle qu’il la garda pour lui.
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Je marche seule
J’arpente une route où l’on ne croise personne. Je cherche mes rêves dans le désert, chasse les mirages de cette fade immensité. J’ai perdu le compte des jours et le vent balaie mes traces—je tourne peut-être en rond, mais si quelqu’un me suit, je finirai bien par les rattraper.
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Nid douillet
Ce pont, c’était le leur—bec et ongles ils le défendaient. Chasseurs aguerris à l’élégant col vert, leur voler dans les plumes n’était pas mince affaire. Ils tinrent bon tout le jour, vainquirent vents et marées, mais le soir débarquèrent les Hommes et de chez eux ils furent chassés.
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Café renversé
Elle pique-niquait toujours au parc lorsqu’il faisait beau—assise dans l’herbe, sans couverture. Pour chaque bouchée, à chaque gorgée, elle en laissait autant par terre. Les passants pensaient qu’elle nourrissait les bêtes ou honorait ses ancêtres, mais elle était juste terriblement maladroite.
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Mon ami Vernal
Tim et lui avaient passé l’hiver à jouer dehors, dans la neige tous les jours, des heures durant. Le soir de la rentrée, l’école finie, l’enfant sortit comme d’habitude, mais aucun signe de son ami—parti sans prévenir, sans même un mot, il lui laissait de beaux souvenirs—et une petite flaque d’eau.
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Mélancolie
Elle pleure seule la nuit—laisse parler son émoi. Personne au monde ne l’aime—du moins c’est ce qu’elle croit. Elle a monté le son, se noie dans la Alt Z—au volant, au travail, ou au fond de son lit. Incomplète, essoufflée, partout elle a cherché—attend sans plus y croire, son âme sœur, sa moitié.
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Quand vient le jour
La nuit est froide lorsqu’elles quittent le bar. Elles se connaissaient peu et maintenant beaucoup mieux. Le hasard les a mises à côté, alors rien que les deux elles n’ont fait que parler. L’une s’écarte du groupe, il est l’heure de rentrer—dans les bras l’une de l’autre, elles espèrent se revoir.